Les visites de biens immobiliers « ne sont plus autorisées », a confirmé Emmanuelle Wargon,la ministre déléguée au Logement, lors d'une conférence de presse au ministère de la Transition écologique ce lundi. Elle renvoie ainsi les professionnels de l'immobilier à la mise en ligne de photos et aux visites virtuelles.
Les professionnels réclament pourtant des aménagements pour continuer d'organiser des visites. Comme le relève Thierry Guérin, président de
la Fnaim (Fédération des agents immobiliers) en Gironde, « en ce qui concerne la transaction, qu'il s'agisse de vente et de location, nous ne pouvons plus faire visiter nos biens puisque le particulier n'a pas d'attestation lui permettant de voir un bien immobilier. En revanche, nous pouvons continuer de travailler par téléphone ou par mail, et nos salariés peuvent se déplacer. » Les agences sont, elles, physiquement fermées.
Du coup, la Fnaim demande d'instaurer, « grâce à un bon de visite, un justificatif de déplacement aux particuliers en recherche, car se loger fait partie des éléments essentiels. » La proposition a été faite, mais pas retenue pour l'heure.
En attendant, les professionnels ne peuvent guère espérer mieux que conclure des projets bien engagés. Certes, « pour l’ensemble des acteurs de la transaction immobilière (agences, notaires, banques, etc.), la situation n’est plus inédite, analyse le réseau Meilleurs Agents. Tout le secteur est désormais bien mieux préparé et digitalisé pour poursuivre une certaine activité. » Perrine Gautheron, directrice du réseau lesvillas.fr,agence spécialisée dans les maisons haut de gamme en Gironde, confirme « multiplier les visites virtuelles. » Par exemple, « ce mardi,une collaboratrice organise deux visites qu'elle effectuera toute seule, en appelant les clients sur WhatsApp ». Cependant, « je n'ai pas un client qui s'engagera sur une visite virtuelle, prévient-elle. En tout cas pas dans le secteur du résidentiel haut de gamme. Donc, de fait, cela va stopper notre activité. »
« En plus, par rapport au premier confinement, poursuit Thierry Guérin, nous ne sommes pas dans le blocage complet, ce qui veut dire quedes mutations se poursuivent et des personnes sont amenées à déménager.Le logement n'est pas quelque chose d'accessoire, et certaines personnes risquent de se retrouver dans une situation d'urgence. »
Après le coup d'arrêt brutal du premier confinement, le marché de l'immobilier avait rebondi de manière spectaculaire lors du déconfinement.Une euphorie qui était retombée depuis la rentrée : « Depuis le mois d'août, nous constatons un retour à la normale », analyse Benjamin Salah, directeur du réseau La Bourse de l’Immobilier. Le marché restait toutefois jusque-là dynamique, et l’immobilier un secteur « préservé dans cette crise, du moins dans l’ancien. »On enregistrait sur le dernier trimestre (d’août à octobre), une stagnation des prix en France, selon la plupart des professionnels. Pour La Bourse de l'Immobilier, le prix de vente moyen d’une maison sur le territoire national s’établissait fin octobre à 200.000 euros. Un ralentissement qui se confirme sur la métropole de Bordeaux : alors que la hausse était située entre 4 et 5 % depuis le début de l'année, Meilleurs Agents relève une baisse de 0,7 % à Bordeaux en octobre (pour un prix moyen de 4.626 euros/m2). Selon La Bourse de l’Immobilier, le prix moyen des appartements (d’environ 65 m2) sur Bordeaux et sa première couronne stagne à 239.000 euros depuis le mois d'août, et celui des maisons (d’environ 120 m2) a légèrement progressé, pour passer de 413.000 à 418.000 euros.
Benjamin Salah note en effet que « le marché de la maison continue d'être plus soutenu que celui des appartements depuis le déconfinement, cela a l’air de s’inscrire dans la durée. » « Les nouvelles envies des Français pour le logement se confirment, assure également Perrine Gautheron. Ils veulent la fibre et un jardin, et ils hésitent beaucoup moins à s’éloigner des villes. »
Dans ce contexte, « le marché se porte même mieux en zones rurales et périurbaines » poursuit Benjamin Salah. Un véritable changement par rapport aux dernières années, au cours desquelles les métropoles semblaient aspirer l’essentiel de la demande. « Il y a l’effet confinement, mais cela s’explique aussi par le niveau des prix : il y a une limite à tout, surtout quand vous voyez des appartements dans le Triangle d’Or à Bordeaux partir à 8.000 euros le m2 ! » précise le spécialiste. Résultat, des villes moyennes comme Libourne ou Angoulême tirent particulièrement bien leur épingle du jeu. Cestas, Léognan ou encore Marcheprime montrent également un certain dynamisme. « Et le Bassin d’Arcachon, qui a été le grand gagnant de la crise du Covid, poursuit sur sa lancée. »
Sur la métropole de Bordeaux, la demande est plus forte en première couronne que dans l’hypercentre, notamment sur le secteur de Talence, Pessac, Mérignac Bègles et Villenave-d’Ornon. « Les prix sont plus bas et on peut y trouver un extérieur… » « Gradignan est beaucoup demandé aussi » relève pour sa part Perrine Gautheron.
Reste à savoir comment le marché va réagir dans les prochains mois. « Ce qui a surtout évolué depuis la rentrée, note pour sa part Perrine Gautheron, c’est que les acheteurs sont un peu plus attentistes.Les gens ont peur pour leur emploi. Ils continuent de visiter, ils nous font part de leurs projets, mais les décisions sont plus lentes. Et on observe un retour à la négociation. »
« Nous sommes dans un climat d’incertitude et les volumes de transaction sont revenus à des niveaux plus raisonnables », confirme Benjamin Salah. Il ne croit pas pour autant au « scénario d’effondrement. » « La demande reste trop importante, et les taux restent bas et attractifs. » Il s’attend toutefois à un marché en 2021 plus attentiste, « avec moins de volumes et des prix stables ou en légère baisse. »
« Il y aura toujours besoin de se loger, donc je ne pense pas qu’il y aura un écroulement, confirme Perrine Gautheron. Mais ce dont on peut être assez sûrs, c’est que les prix n’augmenteront pas en 2021. »
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